Combler le fossé entre formation et application : plus simple que ce que l’on croit

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J’ai dû lire une quarantaine de livres sur l’écriture, j’ai consulté de nombreux sites Internet et au final, il n’y a que deux livres qui m’ont donné des techniques d’écriture (que j’utilise encore aujourd’hui).

 

Le reste ? Une perte de temps et d’argent. Beaucoup de blabla, des réflexions métaphysiques, des conseils moisis et du remplissage inutile.

 

L’aide véritable dans la mise en pratique, l’enseignement d’un savoir-faire est rare. Ceux qui parviennent à combler le fossé entre formation et application ne sont pas légion.

 

Et au milieu de toutes les folles théories pédagogiques, j’aimerais croire qu’il existe quelques éléments de bon sens auxquels se raccrocher.

 

Sortir du bourbier de la formation


Dans un précédent article, je parlais du SEUL critère que j’utilise pour choisir de suivre une formation e-learning. Dans la formation digitale, on se trompe souvent d’objectif. C’est pourtant simple.

 

Le but d’un apprentissage est de vous donner la maîtrise d’une technologie.

 

Donc “est-ce que ce cours vous rend plus compétent ?” est la seule question que l’on doit se poser. Mais en dehors de la méconnaissance de ce but, il existe d’autres périls à éviter.

 

1/ La tentation d’en faire TROP :

 

Il existe une littérature énorme sur n’importe quel sujet. Des océans de livres, de documentation et de vidéos sont désormais accessibles. On peut ainsi être tenté d’en donner trop, d’entrer dans des points de détails, de passer trop de temps sur la théorie en amont.

 

Les concepteurs pédagogiques seraient bien inspirés de copier les haïkus, ces poèmes japonais qui vont à l’essentiel. Le dosage pour la théorie, c’est le minimum vital avant d’aborder la pratique : qu’est-ce que l’apprenant a absolument besoin de savoir avant de pouvoir faire ?

 

2/ L’indistinction dans la transmission de l’information

 

De nombreuses formations vous livrent des connaissances sans souligner les données majeures. Elles omettent de faire des distinctions sur la valeur de telle ou telle information.

 

Par exemple, si vous voulez apprendre à écrire, il n’y a qu’une poignée de règles vraiment importantes. Voici les deux premières. Elles sont VITALES ! Je les ai trouvées dans le livre de Stephen King qui s’appelle Écriture.

 

Règle n°1 : apprenez la grammaire. C’est votre boîte à outils. Et même si vous n’utilisez pas en permanence l’imparfait du subjonctif, vous pouvez un jour ou l’autre en avoir besoin. Donc avant toute chose, maîtrisez vos outils.

 

Règle n°2 : écrivez ! Ecrivez beaucoup. Remplissez des pages et des pages et des pages. Vous pouvez commencer par écrire vos rêves, ou raconter votre quotidien, faire une critique de film. Les premiers textes que j’ai écrits (quand j’avais 14 ou 15 ans) étaient des scènes qui se produisaient dans l’univers de Star Wars. Avant de créer un univers à moi, j’ai emprunté celui des autres.

 

Et voici une règle parfaitement inutile, une leçon que vous pouvez mettre dans la corbeille mentale : vous devez travailler votre style. Cette règle ne vous mènera nulle part, parce que vous n’aurez pas la moindre idée de ce qu’est votre style avant d’avoir écrit des centaines de milliers de mots.

 

Évaluer l’importance d’une information est une capacité qui fait défaut chez nombre de formateurs. Pourtant, la sélection des importances est ce qui détermine très directement la valeur d’une formation. Sur quelles données met-on une étiquette rouge ?

 

Comment apprend-on ?


apprendre livre formationEt concrètement, comment fait-on l’acquisition d’une nouvelle compétence ?

 

Regardez comment les enfants apprennent. Ils sont certainement un modèle à suivre puisqu’ils apprennent en un an la marche et en deux le langage, en partant de zéro. Ils observent, puis ils miment, puis ils s’exercent et enfin, ils savent faire.

 

Cela vous montre qu’on passe souvent bien TROP de temps dans une salle de formation à brasser de la théorie. Allons plutôt sur le terrain voir comment cela se passe. Allons regarder !

 

Puis, après avoir regardé attentivement, essayons d’imiter. Puis exerçons-nous encore et encore. Ainsi, en enseignement, ce sont les interactions avec l’environnement et les interactions sociales qui sont les plus riches.

 

Bien entendu, en s’exerçant, on fait aussi des erreurs. On se heurte à l’univers physique et cela même fait partie du processus d’apprentissage.

 

La véritable connaissance s’est érigée sur de nombreuses erreurs. Apprendre, c’est se tromper, prendre conscience de notre prédiction erronée et la transformer. Il n’y a que cette suite de chocs avec la réalité qui nous permet d’évoluer

Céline Alvarez, Les lois naturelles de l’enfant.

 

L’immersion


A partir de là, il existe plusieurs possibilités pour combler le fossé entre la formation et l’application.

 

Vous n’avez pas forcément les moyens de créer un serious game, un jeu de simulation vidéo complet qui plonge l’apprenant dans un environnement 3D où il peut expérimenter la réalité terrain.

 

Mais vous pouvez toujours organiser dans la formation une sorte de jeu de rôle qui marchera tout aussi bien.

 

Il existe cependant des logiciels auteur qui rendent accessible le serious game.

 

Une approche originale et là encore immersive, c’est l’escape game pédagogique. Un escape game (jeu d’évasion en français) repose sur le principe suivant : une équipe est plongée dans une histoire, enfermée dans un espace et elle dispose d’une heure pour réussir à sortir… ou mourir (pas pour de vrai, hein !).

 

On choisit des thèmes comme la non-discrimination, “l’open innovation”, la sécurité ou les valeurs de votre entreprise, afin de lui donner une dimension pédagogique.

 

La valeur pédagogique de la simulation


Les jeux de mise en situation ont un potentiel pédagogique souvent sous-estimé. La première vertu d’un jeu de simulation, c’est qu’on peut s’exercer encore et encore, quasiment à l’infini.

 

Or, presque toutes les professions négligent de s’exercer fréquemment.

 

Vous pouvez simuler un environnement dangereux où les apprenants ne se blesseront pas et ne feront pas courir des risques aux gens dont ils s’occupent. Vous avez tout simplement droit à l’erreur, sans conséquence néfaste.

 

On peut aussi tester des scénarios catastrophe. Dans un jeu de simulation, on peut prendre plusieurs paramètres et mettre l’apprenant en mauvaise posture. Tant qu’on utilise une échelle de difficultés croissantes, on peut aller assez loin.

 

Dans les escape games pédagogiques, le défi du jeu est particulièrement approprié pour renforcer la cohésion et la collaboration des membres d’une équipe.

 

Mais la vertu qui surpasse les autres, c’est bien sûr l’aspect ludique qui procure du plaisir. Dans une lettre à son fils, Albert Einstein écrivait : “c’est comme ça qu’on apprend le mieux, quand on fait quelque chose avec tellement de plaisir qu’on ne voit pas le temps passer.”

 

Pour finir : changer la vision pédagogique


On n’a pas suffisamment questionné le côté laborieux de l’éducation. Il existe beaucoup d’idées fausses sur le caractère nuisible du plaisir. La recherche du plaisir est pourtant la force motrice essentielle de toute vie. Le plaisir est un des éléments clés de l’énigme à résoudre pour combler le fossé entre formation et application.

 

Et cela nous ramène au jeu et au plaisir d’apprendre de l’enfant. C’est aussi là que les concepteurs pédagogiques devraient puiser de l’inspiration.

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